Arrêter la pilule, pourquoi et comment
Que vous ayez un projet grossesse ou que vous souhaitez arrêter la pilule pour des raisons de santé ou pour vous reconnecter avec vos cycles, vous êtes au bon endroit !
Dans cet article je vous partage mes conseils pour arrêter la pilule et les stratégies à mettre en place en cas de symptômes post-pilule.
Mais tout d’abord, si vous hésitez encore, voici quelques bonnes raisons d’arrêter la pilule contraceptive (ou autre méthode de contraception hormonale)
Pourquoi vouloir arrêter la pilule
La pilule, qu’elle soit combinée (œstrogène et progestatif), progestatif uniquement ou microdosée, a des effets secondaires qui ne sont pas sans conséquences.
Il serait naïf de penser que de prendre un médicament (la pilule est considérée comme tel,) tous les jours (ou presque) pendant des années n’est pas sans conséquences.
Attention, je ne vous blâme pas ! Faire confiance à votre sage-femme/gynéco est une bonne chose, mais vous a-t-il/elle présenté les risques vs bénéfices de la pilule ?
Si ce n’est pas le cas, il n’est pas trop tard ! Si vous aviez encore des doutes, voici quelques éléments qui peuvent vous motiver et vous confronter dans votre décision.
Se reconnecter à ses cycles
Si les menstruations sont souvent la période du cycle qui nous permettent de définir leur durée, c’est surtout l’ovulation qui le rythme.
A noter que sous pilule il n’y a pas de règles puisqu’il n’y a pas d’ovulation (hors exception) car le but est de couper la communication entre le cerveau et les ovaires. Les pertes de sang sont appelées hémorragies de privation.
En tant que femme, nous vivons des fluctuations hormonales faisant de nous des êtres cycliques. Aussi, il est normal de ne pas avoir la même énergie au cours du cycle.
Ne pas souhaiter vivre la période des menstruations, phase où il est normal d’avoir envie de cocooning, c’est aussi se priver de la fin de la phase folliculaire et de l’ovulation, période où l’énergie est à son apogée.
Se reconnecter à ses cycles c’est donc aussi chercher à comprendre ce que l’on ressent pour mieux le vivre et pouvoir si besoin l’expliquer aux autres.
Pour ma part, j’ai une petite roue sur le frigo que je tourne en fonction de la période du cycle dans laquelle je me trouve. Cela permet à mon conjoint de savoir dans quel état d’esprit et dynamique je me trouve. Ça nous évite pas mal de disputes depuis !
Stopper les facteurs de effets secondaires
Je ne parlerai pas ici des facteurs de risques graves de la pilule (thrombophlébite veineuse cérébrale, AVC, embolie pulmonaire…), mais si vous souhaitez plus d’infos sur le sujet, je vous conseille le livre Pilule ou pas pilule de la gynécologue Bérengère Arnal Morvan.
La liste des effets secondaires de la pilule est assez longue : prise de poids, rétention d’eau, maux de tête, troubles digestifs, troubles de l’humeur… même si vous ne souffrez pas à priori de ces symptômes, j’ai souvent eu le cas où les femmes m’ont dit se sentir libérées depuis l’arrêt de la pilule !
Les hormones de synthèse affectent l’ensemble du système hormonal, et donc leurs fonctions. Elle favorisent par exemple l’hypothyroïdie (Qiu et al., 2021), dont les fonctions impactent grandement la santé digestive comme expliqué dans cet article.
Les contraceptifs oraux peuvent augmenter le risque de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique). Les mécanismes exacts ne sont pas bien compris, mais il est suggéré que les hormones de synthèse peuvent perturber l’équilibre normal du microbiote intestinal, entraînant une inflammation (Cornish et al., 2008).
Faire du bien à son corps et soulager le foie
Prendre des hormones de synthèse demande plus de travail au foie. Le foie va donc devoir puiser dans ses réserves pour détoxifier ces grandes quantité d’hormones. Le problème c’est que la pilule favorise des déficits en nutriments essentiels à la bonne détox hépatique. Aussi, un véritable cercle vicieux peut se mettre en place.
Prendre soin de sa santé mentale
Certaines études ont mise en évidence un risque de dépression accru chez les femmes prenant la pilule contraceptive, en particulier chez l’adolescente (de Wit et al., 2020; Lewis et al., 2019; Skovlund et al., 2016) même si toutes les études n’ont pas démontré de liens (McKetta & Keyes, 2019).
La perte de libido, effet secondaire bien connu de la pilule, peut aussi grandement impacter le moral et la vie du couple.
L’hypothyroïdie favorisée par la pilule va aussi avoir un impact sur la santé psychique.
Pour finir, qui dit arrêt de la pilule dit arrêter de penser à la prendre donc moins de charge mentale.
Pour l’environnement
La pilule est un perturbateur endocrinien ayant un impact environnemental conséquent, notamment sur la population marine. Les œstrogènes de synthèse de la pilule affectent négativement les poissons (Kidd et al., 2007), notamment via la féminisation des poissons mâles.
Un récent rapport conclu : » les femmes qui cherchent un moyen de contraception ont le droit de savoir comment éviter ces risques en utilisant des méthodes efficaces sans hormones, telles que les méthodes de la sensibilité à la fertilité » (Williams et al., 2021).
Endométriose, SOKP et arrêt de la pilule
Aucun médicament, pilule compris, ne soigne l’endométriose. L’endométriose est une pathologie inflammatoire et dont la composante hormonale entre en jeux. L’alimentation, micronutrition et hygiène de vie sont d’une grande aide en cas d’endométriose, mais sous pilule, il sera difficile d’agir sur le système hormonal, notamment sur l’équilibre œstrogènes/progestérone.
Arrêter la pilule en cas d’endométriose permettra de mieux comprendre et aider à réguler les hormones, tout comme dans le cadre du SOPK. Toutefois, un accompagnement en vivement conseillé.
Comment arrêter la pilule
On peut lire sur internet deux méthodes : le sevrage progressif ou l’arrêt total.
Avant d’être bien formée sur le sujet, le sevrage progressif était une pratique que je pouvais conseiller. Le but : éviter les symptômes post pilule, surtout si la pilule a été prise pour d’autres raisons que son utilisation, c’est-à-dire pour des raisons autres qu’un moyen contraceptif : douleurs, acné…
Toutefois, je recommande désormais l’arrêt sans sevrage progressif pour 2 raisons :
- Le côté pratique. Pensez à prendre la pilule 5 jours par semaine, puis 4, puis 1 jour sur 2… est une charge mentale et on peut vite s’y perdre !
- Biologique. Donner au corps des hormones de synthèse un jour, mais pas le lendemain, puis reprendre… il va se demander ce qui se passe !
Stopper « radicalement » la pilule vs sevrage progressif ne va pas forcément induire plus de symptôme, et si symptômes il y a, alors il faudra les comprendre pour les traiter à la racine.
On me pose souvent la question : quand arrêter la pilule ?
Franchement, le plus tôt est le mieux ! Toutefois, je modère souvent mes propos et l’arrêt dépendra de la situation.
L’une des choses que je conseille avant d’arrêter la pilule est de réaliser un bilan nutritionnel. En effet, la pilule est une véritable pompe en nutriments et favorise les carences en vitamines du groupe B (surtout B6, B12, B9) vitamines C, E, magnésium et zinc (Palmery, Saraceno, Vaiarelli & Carlomagno, 2013). Or, il va falloir que votre foie assure la détox de toutes ces hormones de synthèse. Pour cela, il a besoin d’une myriade de nutriments, notamment des vitamines du groupe B.
Aussi, essayer de combler les déficits 1-3 mois avant l’arrêt peut grandement aider.
Ensuite, tout dépendra des symptômes d’avant pilule.
Et oui ! La pilule ne règle pas le problème de base, elle ne fait que le masquer. Aussi, il est possible (mais pas systémique), que les symptômes d’avant pilule resurgissent. Toutefois, ce n’est pas une bonne raison pour continuer de prendre la pilule. Il faut juste s’y préparer.
Si vous avez pris la pilule à cause de l’acné par exemple, on veillera à l’équilibre micronutritionnel (suffisamment d’oméga-3 et des glucides and quantité adapté). D’un point de vue micronutritionnel, le zinc sera un allié. Si l’acné est liée à un excès d’androgènes (testostérone, dihydrotestostérone), alors il faudra agir à ce niveau. On pourra également soutenir la détox des œstrogènes grâce à certains compléments alimentaires
Une question qui revient souvent est à quel moment de la plaquette dois-je arrêter ? Vous n’avez pas besoin d’attendre la fin d’une plaquette pour arrêt la pilule. Vous pouvez stopper à n’importe quel moment
A retenir
Il n’y a que des bonnes raisons d’arrêter la pilule. Si les symptômes vécus avant pilule ou que de nouveau surviennent, il ne faut pas les masquer de nouveau avec des hormones de synthèse, mais comprendre leur origine. Identifier les déséquilibres hormonaux pour les traiter à la racine est clé.
L’alimentation, l’hygiène de vie (activité physique, sommeil, sauna…), la micronutrition et la phytothérapie peuvent grandement aider dans cette période charnière.
En cas d’arrêt de la pilule pour désir de grossesse, un focus sur les nutriments clés promoteurs d’une bonne ovulation et fertilité sera à faire.
Vous souhaitez être accompagnée en amont et pendant l’arrêt de la pilule ? Contactez-moi pour en discuter !