Le SOPK
Si vous n’avez pas vos règles (= aménorrhée) et une fois que l’on s’est assuré que cela n’est pas :
- due à une grossesse
- expliquée par une péri ménopause,
- liée à une condition médicale (notamment des troubles thyroïdiens),
- secondaire à la prise de certains médicaments
- en lien avec l’alimentation (sous-alimentation, manque de glucides, régime végétarien, carences alimentaires)
Alors on peut se demander s’il n’y pas un déséquilibre hormonal, dont les deux causes principales sont le SOPK ou aménorrhée hypothalamique.
Mais souvent, une fois le diagnostic reçu, le traitement proposé sera le même qu’avant d’avoir reçu le diagnostic, à savoir la prise de la pilule contraceptive (ce qui est en passant, absolument pas une solution !).
Or, en cas de SOPK il faut creuser plus profondément : qu’est-ce qui drive votre SOPK ? Pourquoi vous n’ovulez pas ?
En effet, il faut comprendre que le SOPK est un ensemble de symptômes (d’où le nom de « syndrome ») reliés à l’anovulation.
Qu'est-ce-que le SOPK est réellement?
Le Syndrome des Ovaires PolyKystiques (poly = multiple et cystic = follicules) est un problème d’ovulation qui résulte d’une surproduction d’androgènes (hormones « males ») telle que la testostérone.
Bien qu’il soit vital pour une femme d’avoir des hormones androgènes pour une bonne libido et santé osseuse par exemple, en excès elles posent problème. Les femmes touchées par l’hirsutisme (pilosité excessive) peuvent le confirmer !
D’un point de vue plus physiologique, l’excès d’androgène ne permet pas d’ovuler.
Les symptômes
Comme son nom l’indique, le syndrome des ovaires polykystiques est un ensemble de symptômes dont le principal (et le plus visible) est la présence de cycles irréguliers, notamment des cycles trop longs (>35 jours) ou des menstruations qui durent plus de 6 jours ce qui est le signe typique de cycles anovulatoires.
L’hirsutisme, c’est-à-dire un excès de poils au niveau du visage (joue et menton), du nombril, du dos et des tétons, de l’acné, une perte de cheveux, la prise de poids et une infertilité sont d’autres symptômes pouvant faire penser au SOPK.
Avoir des ovaires polykystiques ne cause pas des douleurs, à l’instar des kystes ovariens. Si la douleur est votre symptôme principal, alors quelque chose d’autre se passe.
Le diagnostic
Si vous n’avez pas vos menstruations et que les autres explications mentionnées au début ont été exclues, alors il est possible que vous ayez le SOPK.
Il n’existe pas de test unique permettant de diagnostiquer le SOPK. Aussi, le diagnostic du SOPK est basé sur les critères de Rotterdam. Pour être diagnostiquée, il vous faut cocher au moins 2 critères sur les 3 suivants :
- Trouble de l’ovulation manifesté par une rareté ou l’absence d’ovulation se traduisant par des cycles irréguliers et/ou longs (35 à 45 jours), ou une aménorrhée (absence de menstruations).
- Hyperandrogénie biochimique (visible via certains marqueurs) ou clinique (basée sur les symptômes)
- Ovaires polykystiques vu via une (ou plusieurs) échographie
- Taux d’AMH (hormone anti-müllerienne) élevé
+ L’exclusion d’autres raisons pouvant expliquer l’hyperandrogénie
Le diagnostic via les critères de Rotterdam a ses limites. En effets, il est possible de présenter une aménorrhée et des ovaires polykystiques sans pour autant avoir un SOPK.
Pourquoi ?
Car contrairement à ce que son nom laisse suggérer, les ovaires polykystiques ne sont pas des kystes, mais une multitude de follicules dont le développement est inachevé.
Pour comprendre, un petit point sur le cycle menstruel de la femme est nécessaire.
Le cycle menstruel est rythmé par plusieurs hormones, dont les œstrogènes, la FSH, la LH et la progestérone, et est divisé en 3 phases :
- Les menstruations (dont le premier jour signe le 1er jour du cycle) signent le début de la phase folliculaire. C’est dans cette phase que 6 à 8 follicules ovariens en moyen chez la femme adulte entrent dans la dernière ligne droite de la course à l’ovulation. Cette « course » dure 300 jours et cette dernière étape dure environ 14 jours (peut-être +/- longue). Lorsqu’un follicule « gagne le course » et devient suffisamment mature, il va expulser un l’œuf (ovule) qu’il contient dans la trompe de Fallope reliée à l’ovule originaire du follicule. Un seul follicule peut devenir mature (sauf dans le cas de jumeaux). L’expulsion du follicule gagnant signe l’ovulation.
- L’ovulation,
- La phase lutéale qui dure entre 10 et 16 jours maximum
Si l’ovulation n’a pas lieu, le nombre de follicules augmente chaque mois (certains seront toutefois réabsorbés). Aussi, chaque mois les ovaires apparaitront différemment à l’échographie.
Le fait de voir des kystes indique que vous n’avez pas ovulé ce mois-ci, mais ne dit pas pourquoi, et ne peut pas prédire si vous ovulerez dans le futur.
Les ovaires polykystiques peuvent être présents en cas de SOPK, mais ne sont pas spécifique au SOPK (peut avoir des ovaires polykystiques sans avoir le SOPK, comme à l’adolescence par exemple).
Aussi, The Androgen Excess and POCS Society (AE-PCOS) (Azziz et al., 2009) propose des critères plus précis, et si une femme possède au moins deux de ces critères, on peut alors dire qu’elle a le SOPK :
- Dysfonction ovarienne et/ou ovaires polykystiques
- Hyperandrogénie clinique et/ou biochimique
- Exclusion des autres conditions pouvant induire une hyper androgénie
- + taux d’AMH élevé (critère ajouté en 04/23)
En gros, si vous avez les 3 symptômes suivants :
- Cycles menstruels irréguliers ou la présence d’ovaires polykystiques à l’échographie
- Hyperandrogénie visible sur une prise de sang ou via les symptômes (hirsutisme par exemple)
- Et/ou AMH élevée
- D’autres raisons pouvant expliquer l’hyperandrogénie ont été exclues
Les complications
Le SOPK est associé à un risque accru de développement d’un diabète et de maladies cardiovasculaires. Le SOPK est la première cause d’infertilité.
Le SOPK est plus qu’un problème hormonal ; c’est une condition hormonale qui affecte l’ensemble du corps.
Le traitement et les différents SOPK
Il n’existe pas de traitement à proprement parler. Pour autant, cela ne veut pas dire que vous devez souffrir des symptômes du SOPK à vie !
Tout d’abord, il faut identifier quel type de SOPK vous avez.
En effet, il existe plusieurs types de SOPK :
- Le SOPK Post-pilule
- Le SOPK Insulino-résistant
- Le SOPK Inflammatoire
- Le SOPK Surrénalien
Une fois le type de SOKP identifié, il faudra travailler sur l’hygiène de vie dont les priorités varient selon les femmes, les habitudes de vie et les fragilités qui sont différentes d’une personne à une autre.
Le « traitement » dépendra également des symptômes. Chez une femme dont le problème principal est l’acné, alors des mesures hygiéno-diététique visant à améliorer la peau seront à mettre en place.
Certains compléments alimentaires seront parfois nécessaires.
En résumé
S’il y a trois choses à retenir, c’est :
1) le SOPK n’est la présence de kystes sur des ovaires, mais des folliculaires immatures liés à une anovulation;
2) le SOPK pas une fatalité;
3) la pilule n’est pas une solution, et peut même aggraver le SOPK.
Travailler avec des professionnels de santé afin de 1) savoir si vous avez réellement le SOPK, 2) identifier votre SOPK et 3) mettre en place un protocole visant à soulager vos symptômes, adresser les facteurs aggravants et chercher à prévenir les éventuelles complications est indispensable
Images docteurclic et cngof.fr
Besoin d’aide? N’hésitez pas à prendre RDV pour en discuter.