Inconforts digestifs chez le sportif, à quoi sont-ils dus ?

On estime que 30 à 50% des athlètes souffrent de troubles digestifs (de Oliveira et al., 2014)

Les troubles digestifs peuvent grandement affecter les performances sportives en compétition (et même dès l’entrainement), et peuvent induire d’importantes conséquences liées aux réactions inflammatoires induites dans le tube digestif.

Ces effets néfastes sont davantage problématiques si aucune intervention diététique n’est réalisée (Crowson & McClave, 2020)

 

More marathons are won or lost in the porta-toilets than at the dinner table.”

Bill Rodgers, légende marathonienne

 

Cette citation illustre parfaitement les problèmes digestifs expérimentés par les athlètes (de Oliveira et al., 2014).

 

 

Les troubles digestifs vécus par les sportifs s’expliquent par 3 raisons majeurs : physiologique, mécanique et nutritionnelle.

 

Causes physiologiques

En cas d’effort intense et de longue durée, le sang va en priorité aux muscles. Le tube digestif va donc recevoir moins d’oxygène. C’est ce que l’on appeler l’ischémie digestive (Crowson & McClave, 2020; Jang et al., 2019).

Si cette ischémie se répète, cela va induire une hyperperméabilité intestinale et les conséquences qui viennent avec (Qamar & Read, 1987 ; Casey et al., 2005).

Cette hyperperméabilité intestinale pourrait être liée aux nausées, vomissements, douleurs abdominales et diarrhées expérimentés par les sportifs (De Oliveira & Burini, 2009; 2011), même si cela reste encore une hypothèse (Ter Steege & Kolkman, 2012).

 

Causes mécaniques

Les impacts répétitifs en course à pied semblent endommager l’intégrité intestinale.

Toutefois, même les sports sans impacts peuvent également induire des troubles digestifs.

Les cyclistes sont souvent sujets à des troubles digestifs hauts (touchant œsophage, estomac) due à l’augmentation de la pression sur l’abdomen liée à leur posture.

 

Causes nutritionnelles

Je ne vous apprends rien si je vous dis que l’alimentation impacte les performances pendant une compétition, mais aussi à l’entrainement et même en période de récupération.

Adopter une alimentation adaptée en période d’entrainement et de compétition est crucial pour les performances sportives.

 

 

Les boissons sportives peuvent avoir un effet délétère sur l’intégrité de la muqueuse intestinale de par les édulcorants, les colorants alimentaires, les émulsifiants et autres conservateurs qu’elles contiennent (Crowson & McClave, 2020).

Les carraghénanes par exemple peuvent agir comme des agents pro-inflammatoires, aggravant l’inflammation chronique qui peut exister au niveau intestinal (Crowson & McClave, 2020).

 

Autre

L’usage d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, aspirine) est commun dans le monde sportif.

La consommation de ce type de médicaments n’est pas anodin car ces ils ont la capacité d’augmenter la perméabilité intestinale menant à une inflammation de bas grade (pour faire simple: ils favorisent le développement de troubles divers, dont des symptômes digestifs) (Crowson & McClave, 2020).

Le stress induit par la compétition peut également directement agir sur le transit (accélération).

 


Que faire pour limiter ces inconforts

  • S’entrainer intelligemment, incluant des phases de récupérations
  • Adopter une alimentation adaptée à ses besoins
  • Mastiquer
  • Eviter les repas riches en fibres et en graisses la veille (pas en permanence, car il faut nourrir le microbiote) et le jour des compétitions. Des repas pauvres en FODMAPs peuvent être cuisinés.
  • Eviter la consommation d’aliments et boissons riches en fructose. Préférer les boissons isotoniques associant plusieurs sources de glucides
  • Respecter un intervalle de 2 à 4h entre le dernier repas et l’effort
  • Dans le cadre de sport d’endurance, s’habituer à s’alimenter durant l’effort. Si besoin de glucides pendant l’effort, toujours les consommer avec suffisamment d’eau
  • S’hydrater convenablement et avec des boissons adaptées à l’effort
  • Veiller à l’hygiène de vie : sommeil, récupération, gestion des émotions
  • Eviter l’usage d’anti-inflammatoire non stéroïdiens

(Bischoff, 2011; de Oliveira et al., 2014)

 

 

Besoin d’aide?

N’hésitez à prendre RDV

 

 

Références

Bischoff, S. C. (2011). ‘Gut health’: a new objective in medicine? BMC medicine, 9, 1-14.

Bjarnason, I., Scarpignato, C., Holmgren, E., Olszewski, M., Rainsford, K. D., & Lanas, A. (2018). Mechanisms of damage to the gastrointestinal tract from nonsteroidal anti-inflammatory drugs. Gastroenterology, 154(3), 500-514.

Crowson, M. M., & McClave, S. A. (2020). Does the intestinal microbiome impact athletic performance? Current gastroenterology reports, 22, 1-7.

de Oliveira, E. P., Burini, R. C., & Jeukendrup, A. (2014). Gastrointestinal complaints during exercise: prevalence, etiology, and nutritional recommendations. Sports Medicine, 44(1), 79-85.

Jang, L.-G., Choi, G., Kim, S.-W., Kim, B.-Y., Lee, S., & Park, H. (2019). The combination of sport and sport-specific diet is associated with characteristics of gut microbiota: an observational study. Journal of the International Society of Sports Nutrition, 16(1), 21.

Pane, M., Amoruso, A., Deidda, F., Graziano, T., Allesina, S., & Mogna, L. (2018). Gut microbiota, probiotics, and sport: From clinical evidence to agonistic performance. Journal of clinical gastroenterology, 52, S46-S49.

Wolanin, A., Hong, E., Marks, D., Panchoo, K., & Gross, M. (2016). Prevalence of clinically elevated depressive symptoms in college athletes and differences by gender and sport. British journal of sports medicine, 50(3), 167-171.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Téléchargez GRATUITEMENT l'extrait du guide sur le régime pauvre en FODMAPs
Et recevez chaque mois la Newsletter mensuelle
0 Partages
Partagez
Partagez