Différences entre normes santé & normes labo
Les normes labo, celles indiquées sur les analyses médicales, ne sont pas à suivre au pied de la lettre et diffèrent (souvent) des normes de santé.
Pour comprendre ce principe, il faut d’abord savoir comment ces normes labo sont évaluées.
Les normes labo peuvent avoir 3 sources différentes :
1 : valeurs estimées par le laboratoire d’analyse. Celui-ci se base sur des données statistiques à partir d’un échantillon de patients. Les fourchettes correspondent à ~95% des valeurs obtenues des dosages de l’échantillon. On met de côté les 2.5% au-dessus et 2.5 au-dessous des valeurs de distribution.
Image tirée du livre Maitrisez votre protocole santé de Bruno Mairet
2 : le fabricant du kit d’analyse. C’est le fabricant du kit qui réalisera sa propre étude sur un échantillon de patients, soit une analyse statistique similaire à celle-ci dessus
3 : associations ou groupes d’experts scientifiques d’un sujet qui se basent sur la littérature scientifique. C’est par exemple le cas de la vitamine D dont les seuils ont été proposés à partir de l’expertise du groupe GRIO (Groupe de Rechercher et d’Information sur l’Ostéoporose).
On comprend vite qu’il y a un problème. L’établissement de valeurs de référence à partir de la population qui, bien que sensée être en bonne santé, n’est pas juste. Sous quels critères la population est en bonne santé ? En général quand on se voit prescrire une analyse c’est qu’il y a quelque chose qui cloche… En fonction du laboratoire (et des pays) les normes seront différentes.
La 3e source semble être bien plus pertinente. Toutefois, elle présente là aussi des désavantages. En effet, si l’on reprend l’exemple de la vitamine D, le taux a été évalué pour une bonne prévention de l’ostéoporose. Quid des autres effets de la vitamine (hormone) D (protection des maladies auto-immunes, du diabète, des maladie neuro dégénératives, de la dépression, rôles dans la fertilité, les allergies…) ?
En effet, selon de nombreux médecins, alors qu’un taux >30 ng/ml semble prévenir le risque d’ostéoporose, il faudra des taux >50 ng/ml pour prévenir les cancers du sein et de la prostate, et > 60 ng/L pour prévenir le cancer du col de l’utérus !
Les normes santé en revanche sont estimées à partir de l’évidence-based médecine, soit la science, l’expérience des praticiens et les retours des patients.
Bref, lire un bilan doit se faire avec du recul et surtout, selon le contexte ! On ne soigne pas une analyse, mais une personne présentant des troubles divers.