J’ai porté un capteur de glycémie pendant 14 jours
Pendant 14 jours j’ai porté un capteur FreeStyle Libre 2 sur le bras qui mesurait en permanence ma glycémie. Je pouvais, grâce à une application téléphone, visualiser ma courbe et les valeurs à chaque scan.
Disclameur
Il y a eu des polémiques à la suite de la sortie du livre Faites votre glucose révolution de Jessie Inchauspé dû au fait que ces capteurs sont un dispositif médical réservé aux diabétiques.
Certes, il est essentiel que les personnes atteintes de diabètes puissent à tout moment se procurer ces capteurs. Toutefois, en tant que fervente de la prévention, je pense qu’il peut être intéressant, en étant accompagné par un professionnel de santé, d’effectuer l’expérience si vous expérimentez des symptômes qui pourraient être liés à une dérégulation de la glycémie, ou si votre indice HOMA (marqueur de la résistance à l’insuline) est plus élevé que la norme.
Le diabète de type 2 touchait 5,6 millions de personnes en France en 2022 (chiffre pour la population médicalement traitée pour le diabète). Cette maladie est majoritairement liée à l’hygiène de vie.
Aussi, si l’on prend conscience, via ce type d’outils, que troquer la confiture du matin par de la purée de noisettes est meilleur pour la glycémie, ça pourrait stabiliser ces chiffres qui ne cessent de croitre.
Source : Le diabète en France : les chiffres 2020 (santepubliquefrance.fr)
Si vous ne souhaitez pas utiliser les capteurs Abott destinés à l’origine pour les personnes diabétiques, vous pouvez vous tourner vers la marque Sapiens.
À mon sens, mesurer sa glycémie est une analyse biologique comme une autre.
Ça ne nous viendrait pas l’esprit d’interdire à une partie de la population de réaliser des prises de sang, n’est-ce pas ?
Nombreux d’entre nous vivons dans un corps que l’on comprend à peine. Combien de femmes, sans aucun jugement, ne connaissant pas les différentes phases de leurs cycles menstruels !
Visualiser son taux de sucre et les éléments le faisant bondir permettent de mieux comprendre le fonctionnement de son corps, et donc de se l’approprier pour en prendre soin.
Je parle ici de glycémie bien que le capteur ne mesure pas le taux de sucre sanguin, mais la concentration en sucre présent dans le tissu interstitiel.
Les tests réalisés et les résultats présentés dans cet article me sont propres et ne doivent en aucun cas être pris pour généralité.
Nombreux facteurs influencent la réponse insulinique à l’ingestion d’un aliment :
-
- Le taux d’insuline à jeun
- La masse musculaire
- Le microbiote intestinal
- L’hydratation
- Le repos, stress
- ….
Notes personnelles
J’ai effectué un bilan au début de l’expérience qui a mis en évidence un déficit en vitamine D, en acide palmitoléique et une petite rechute de mes troubles thyroïdiens. Cela a donc pu avoir un impact sur ma glycémie.
De plus, j’ai eu le COVID pendant cette période, ce qui m’a mise KO quelques jours et a fait chuter mon niveau d’énergie. J’ai donc été moins active durant une bonne semaine. J’ai également moins bien dormi.
L’ensemble de ces facteurs ont donc pu influencer ma glycémie.
Ajouté le 16/12/23 : J’ai réalisé des analyses et mon indice HOMA était en décembre 2023 à 0.56 (norme <2.4), donc très correct.
Qu’est-ce que la glycémie et quelles sont les normes
La glycémie est le taux de sucre dans le sang.
Idéalement, la glycémie doit être la plus stable possible et la glycémie à jeun doit être <126 mg/dl. Au-delà, et si cela se répète, on peut considérer le diabète.
On parle de prédiabète lorsque la glycémie à jeun est comprise entre 110 et 126 mg/dl.
On peut également parler de diabète si la glycémie s’élève à 200 mg/dl à n’importe quel moment de la journée.
Chez les non-diabétiques, la glycémie s’élève naturellement en quelques minutes dès le début d’une prise alimentaire, mais ne devrait pas dépasser 140 mg/dL au maximum 30 minutes après manger.
Elle devrait ensuite revenir autour de 100 mg/dL en moins de deux heures.
Si vous avez lu le livre « Faites votre glucose révolution » de Jessie Inchauspé, elle estime que la glycémie à jeun ne devrait pas dépasser 100 mg/dl et qu’elle ne devrait pas augmenter de +30 mg/dl après le repas… clairement, j’ai eu du mal à être dans ces valeurs !
Pourquoi cette mesure est intéressante
La glycémie est souvent corrélée à notre niveau d’énergie : en cas de chute abrupte et importante (précédée dans la majorité des cas d’une augmentation rapide liée à l’ingestion d’un produit sucré ou gras), notre concentration et énergie chutent aussi.
De plus, les fluctuations de la glycémie ont un impact sur le microbiote, et l’accumulation d’hyper et d’hypoglycémie influence négativement la composition de notre microbiote intestinal.
Le dosage de la glycémie à jeun n’est qu’un screen shot à un moment t. Il est intéressant de voir l’évolution de la glycémie au cours de la journée. En cas de difficulté à perdre du poids, ces données peuvent être une bonne piste de travail.
Je parlerai plus en détails de l’intérêt, des avantages & inconvénients du capteur dans un article à venir
Mes ressentis
L’exercice de tester les variations de glycémie en ne changeant qu’une variable a été très compliqué pour moi, car j’ai une alimentation très intuitive, c’est-à-dire que je mange en fonction de mes envies du moment. Consommer le même repas 2 jours de suite pour comparer n’a pas été simple.
Je mange plus rarement un petit déjeuner sucré, et lorsque c’est le cas, j’accompagne généralement ce petit déjeuner (type banana bread) d’un café (déca).
Durant les 14 jours, j’ai soigneusement noté le contenu de mes repas afin de pouvoir corréler ma glycémie avec le contenu de mon assiette et de mon activité physique.
Ma glycémie a dépassé à plusieurs reprises la barre des 140 mg/dl (oupsy) après :
- Un petit déjeuner à base de fruits
- Consommation d’une soupe potimarron-châtaigne + fromage qui était pourtant précédé d’une salade de mache assaisonnée avec du vinaigre de cidre
- Avoir bu un café suivi d’un petit déjeuner sucré
- Consommation de risotto
- Un déjeuner pourtant pauvre en glucide : maquereaux au naturel, épinard, mâche, 3 morceaux granola nutripure, tisane à croquer teatap
- Un gouter à base de pain au sarrasin et de fromage !
J’ai expérimenté quelques hypoglycémies, notamment 2 durant mon sommeil. Je ne m’en saurai jamais rendu compte sans le capteur.
Mes expériences
J’ai réalisé plusieurs expériences pendant ces deux semaines de test.
Attention, il faut garder en tête que ces expériences présentes des limitations :
- En tant qu’humain, il est impossible de mesurer 1 seule variable à la fois. Aussi, même en consommant le même aliment et en quantité similaire, il est difficile de tirer des conclusions.
- Le graphique n’est pas d’une précision extrême
- La glycémie varie sans cesse et varie selon de nombreux facteurs
- J’ai essayé de noter mes ressentis (coup de barre, énergie, sommeil, etc.), mais ayant eu le COVID et une rechute de ma maladie auto-immune, j’ai eu du mal à évaluer ces facteurs.
Voici les résultats de plusieurs expériences
1/ Le fruit pris isolément augmente-il la glycémie ?
Consommation d’une orange
Consommation d’une pomme
Consommation de myrtille (100 g)
L’orange a augmenté ma glycémie de +37 mg/dl et la pomme +35 mg/dl. Il n’y a pas eu de différence notable.
À l’inverse, lorsque j’ai consommé des myrtilles seules ma glycémie n’a pas augmenté de façon aussi importante.
Conclusion de cette expérience : contrairement à une pomme et une orange, les myrtilles ne semblent pas augmenter de façon notable la glycémie.
Consommation d’une pomme de façon isolée dans l’après v.s. en fin de repas
Consommation d’une pomme seule
Consommation d’une pomme en dessert
La pomme consommée seule avec de la cannelle induite un pic de +35 mg/dl alors qu’après un repas relativement pauvre en glucides (courge spaghettis farcies aux épinards, œuf, fromage, yaourt soja), la glycémie ne s’est pas élevée de façon si abrupte, mais a toutefois atteint une hausse de + 30 mg/dl
Conclusion de cette expérience : une pomme prise en fin de repas n’élève pas autant la glycémie que consommée isolément
2/Test petit déjeuner salé vs sucré
Un petit déjeuner salé (ici composé de 2 œufs + 30 g de fromage + 40 g granola nutripure) ne fait que très légèrement monter la glycémie.
À l’inverse, un petit déjeuner sucré (ici 2 cinnamon rolls maison à base de banane, yaourt de coco, mélange de farine de riz, teff et sarrasin et purée d’amandes + 1 café) induit un plus grand pic (+180 mg/dl)
À noter que j’avais également pris un café, ce qui a pu augmenter davantage ma glycémie.
J’ai également testé un petit déjeuner 100% à base de fruits (2 mini kiwi, ½ pomme, 1 prune, 2CS de myrtilles) qui fait bondir ma glycémie ~45 mg/dl, ce qui est au-delà des recommandations, mais pas non plus excessive.
Ci-dessous ma glycémie après un petit déjeuner sans café composé d’une tranche de banana bread au chocolat et d’un yaourt coco-soja maison (~+30 mg/dl).
3/Le café augmente-t-il la glycémie ?
Prise d’un café pendant le petit déjeuner :
Prise du même petit déjeuner (30 g d’amandes, carotte cake maison topping au st moret) sans café :
Le pic est moindre sans café. Pour vérifier l’expérience j’ai pris un café de façon isolé, et il a fait monter ma glycémie de +15 mg/dl :
A noter que tous les cafés sont des déca réalisé par une machine à grains. Il aurait été intéressant de tester un café caféiné, mais j’évite car je suis très sensible à la caféine.
4/Consommation d’un repas sans glucides
Le soir du graphique ci-dessous, j’ai mangé uniquement 200 g de tofu + une assiette de brocoli (j’ai oublié de peser, mais environ 300 g de brocoli … j’adore le brocoli)
En consommant aucune source de glucides type céréales, légumes racines ou fruit, ma glycémie ne dépasse pas 140 mg/dl, et n’augmente pas de +30 mg/dl.
5/ La balade postprandiale a-t-elle un impact ?
J’ai mangé le même repas (riche en glucides) composé d’une soupe de potimarron-châtaigne, de fromage et d’un peu de pain (mix pain Ginette&Josiane). Les deux repas ont été précédée d’une carotte crue + 1CS d’huile de noix et quelques graines.
Le déjeuner a été consommé à 13h15, puis j’ai marché 1h de 13h50 à 14h50. On peut voir que le pic est survenu à mon retour (où je me suis assise sur l’ordinateur pour travailler). Le pic reste moins élevé mais l’est tout autant.
6/Impact du sport sur ma glycémie
Je suis allée courir à plusieurs reprises, et ma glycémie avait tendance à bien baisser, mais remontait naturellement, sans rien manger dans l’immédiat.
J’ai ressenti pendant ce footing (grpah ci-dessous) un coup de mou au 7e km, et en vérifiant ma glycémie, j’ai vu qu’elle diminuait et était en « orange » soit à 68 mg/dl au moment du check. J’ai attendu 30 secondes avant de repartir et ma glycémie est remontée vers les 95 mg/dl à la fin du footing.
Ma plus grande surprise
Cette journée est intéressante. Après un petit-déj salé et un déjeuner léger (j’avais perdu le gout avec le COVID donc pas franchement d’appétit), j’ai pris un gouter à 16h15 à base de pain de sarrasin (2 tranches) et de fromage. Et regardez ce pic !
Est-ce le fait d’avoir pris un gouter à une heure non habituelle qui a déclencher ce pic?
Conclusion
Même en ayant une alimentation pauvre en sucre ajouté, ma glycémie est régulièrement passée au-dessus de la barre de 140 mg/dl. Aussi, il semble que seul le mouvement soit capable chez moi de limiter la hausse de la glycémie.
Bien qu’il soit difficile de tirer des conclusions, certaines de mes connaissances ont été vérifiées, à savoir que la prise d’un petit déjeuner sucré vs salé a un grand impact sur la glycémie.
Le café augmente la glycémie, ainsi que les fruits (surtout pris en dehors des repas). Les aliments mixés (type soupe – même s’il aurait été intéressant que je consomme la même quantité de potimarron et de châtaignes non réduits en soupe) et le risotto sont des repas qui ont fait grimper ma glycémie.
L’apport de vinaigre de cidre ne semble par avoir eu une incidence majeure, mais il est impossible de tirer des conclusions au vu du manque et de l’imprécisions des données.